« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? »
Aragon
Considérations sur le monde occidental
Un système économique et social ne peut fonctionner en homéostasie qu'à
l'intérieur des limites dans lesquelles il a été construit par la nécessité,
l'esprit, le travail et le temps. Lorsque trop d’opportunistes et de prédateurs
en quête d'aubaine contournent ces limites, il s’affaiblit, se délite et
retourne à l'entropie universelle. S’ils ne disparaissent pas purement et
simplement, ses éléments peuvent alors être éventuellement agrégés à un
méta-système de fonctions proches. Ainsi avança toute l’histoire millénaire, à
mesure que progressaient les moyens de transport et que la conscience politique
des sujets inclus devenait capable d’embrasser un plus vaste champ géographique
et la complexité afférente, depuis les clans jusqu’aux nations en passant par
les tribus et diverses féodalités.
Il est aisé de constater à l’observation du monde actuel et de son histoire que
ces changements d’échelle se sont quasiment toujours accompagnés d’une
communauté de langage. Une langue élaborée et une pensée aboutie sont
inextricablement liées au cœur de l’être. La langue supporte et favorise la
pensée, qu’elle conserve par ses mots. La pensée enrichit constamment la langue
et complexifie sa grammaire, pour nuancer toujours davantage la pensée ("j'écris
pour savoir ce que je pense" Pierre Louÿs). On peut
certes posséder plusieurs langues par l’étude et la pratique, mais c’est
évidemment la langue maternelle qui imprime le plus profondément l’identité
d’une personne. C’est essentiellement autour d’une même langue maternelle que se
reconnaissent ceux qui sont devenus capables spontanément de se dire « eux » et
« nous » en parlant d’autres ; car ils ont constitué une nation. La nation
semble bien être le stade ultime de cette évolution par agrégation successive
des sociétés antérieures. Survient ensuite dans certains esprits la tentation de
l’empire… Funeste erreur, l’histoire nous démontre que les nations perdurent et
que les empires s’effondrent.
On peut sur la base de cette conviction prédire l’échec à long terme de
l’actuelle tentative violemment fédéraliste de l’Union Européenne, initiée par
les Etats-Unis après la dernière guerre mondiale et toujours sous leur
dépendance, tendant à réunir sous un même gouvernement non démocratiquement élu
des nations polyglottes de plus en plus nombreuses, pour l’heur juxtaposées
géographiquement et procédant d’une même ancienne culture religieuse. La
nouvelle prétention de construire une tour de Babel échouera comme celle de
l’ancien testament biblique pour les mêmes causes (Génèse 11,1-9).
Ces systèmes successifs fonctionnaient et fonctionnent tous avec des règles,
lois, usages, coutumes, etc. Ce qui suppose l’existence prégnante d’une autorité
qui leur est centrale, reconnue et respectée par tous. Elle n’existe pas de nos
jours au niveau mondial et n’apparaîtra, peut-être, que dans de nombreux
siècles.
En attendant règne encore à cette échelle l’entropie, le chaos et ne peut s’imposer que l’éternelle loi naturelle de la prédation, constitutive de toutes formes de vie en ce monde ; éventuellement plus ou moins hypocritement sublimée par des formes adoucies, en particulier par l’invention de la monnaie. Soulignons le principe de la prédation : les individus d’une espèce ne peuvent naître croître et persister, s’ils sont les mieux adaptés, que par la mort, l’asservissement ou le dépouillement d’autrui; autrui pouvant appartenir à n'importe quelle espèce vivante (On rejoint là, à un niveau plus conceptuel, la seconde loi universelle de la thermodynamique qui veut que la diminution d’entropie à l’intérieur d’un système se paye en termes d’énergie par un accroissement de l’entropie à son extérieur). Elle a ceci de terrible, même dans les formes indirectes et sublimées qu’elle prend aujourd’hui entre les humains, qu’elle anéantit à jamais tout espoir de parvenir un jour à édifier un monde humain apaisé, pacifié, égalitairement rassasié, d’où aurait disparu toute souffrance, injustice et inégalité. Intrinsèquement, le principe de prédation laissera toujours au bout du bout de ses mécanismes froids de nombreuses grandes misères et la mort.
« Dans la grande chaîne de la vie »
« Pour qu'il y ait un meilleur temps »
« Il faut toujours quelques perdants »
« De la sagesse ici-bas c'est le prix »
Raymond Levesque/Félix Leclerc
On perçoit bien spontanément tout ce que cette loi sauvage a de choquant pour l’être humain, originellement mammifère appartenant à la branche zoologique des grands singes, mais chez qui est apparu (nul ne sait vraiment comment…) l’intelligence, le langage, l’esprit, l’âme, la morale et les valeurs humanistes. Toute cette noblesse de l'être humain devrait lui permettre :
d'abord de placer, plutôt que de le nier, l'impératif de la prédation au premier plan de son analyse du réel;
ensuite d'employer toute son intelligence à tempérer les effets de ce terrible impératif par l'altruisme, que son élévation d'esprit a fait naître en lui avec la civilisation.
Dépourvu de griffes, crocs et carapace pour la lutte aussi bien que d’un corps
rapide pour la fuite, l’homme a utilisé de tout temps son cerveau pour
comprendre l’environnement et y améliorer son sort. Dès qu’une société
suffisamment évoluée l’a permis, des esprits forts ont pu s’abstraire des taches
premières pour édifier des analyses intellectuelles du réel et construire des
morales, religions, idéologies et enfin lois pour s’y comporter. La société put
ainsi réussir à tempérer peu à peu en elle-même la pratique brutale de
l’originelle prédation. L’évolution essentielle y fut ainsi la disparition des
pillages et razzias accompagnés de diverses horreurs (expéditions Viking des 9
et 10ème siècles par exemple) au profit de la pratique d’échanges
commerciaux propres à tempérer et dissimuler le mécanisme prédateur ; dont on
peut croire qu’il ne sera jamais éradiqué des pratiques.
"La bonté n'existe pas à l'extérieur de l'homme, aucun
système politique n'instaurera le règne du Bien et la seule manière de rendre le
monde meilleur est de s'attacher à être bon en soi et autour de soi."
Sylvain Tesson
Jusqu’à un point de l’histoire encore proche, un orgueil humain démesuré a
souvent fourvoyé ces analyses, morales, religions, idéologies, lois et les
comportements des individus et des sociétés. Prétendant n’avoir jamais fait
partie du monde animal ou lui avoir échappé, le « singe nu » s’est affirmé pur
esprit. Acharné à refouler puissamment ses pulsions les plus obscures, il a
voulu tout expliquer et tous régir grâce à lui. Dérisoire prétention ; celui qui
a déjà souffert d’une rage de dents sait bien qu’il ne peut plus se servir de
son être intellectuel tant qu’il n’a pas guéri son corps. Comme la rage de
dents, la tentation prédatrice restera indéfiniment une possibilité dans l’être
humain.
Les hommes seront ainsi toujours écartelés entre leur nature animale (liberté
individuelle, créatrice d'un "ordre" spontané) et leur
esprit altruiste (dictature du nombre, créatrice d'un ordre fabriqué). Cette lourde fatalité est la raison profonde de l’échec
historique systématique de toutes les idéologies politiques qui ont prétendu
organiser intelligemment la société des hommes (cf. le Communisme).
Ainsi, au niveau des individus constituant ladite société, il est en effet
évident qu’il en subsistera toujours de plus animalement primitifs, moins
éduqués et moins instruits (mais pas toujours, au contraire…), pourvus d’une
conscience minimale, faiblement concernés par la nécessité d’une construction
morale pour guider leurs vies et ne pas nuire à celles des autres.
Par égoïsme, ils n’accepteront que formellement les lois, règlements et usages
constituant le « sur-moi » en vigueur dans leur environnement. Davantage motivés
par « l’avoir » plutôt que « l’être », ne poursuivant en fait que leurs
intérêts, parfois avec beaucoup d’intelligence, ils enfreindront tout ou
chercheront à contourner ce qui ne leur apparaît que comme un obstacle à
ceux-ci.
Ils constituent l’innombrable armée du crime et de la délinquance,
le germe de l’inéluctable développement de l’entropie du système.
Leur existence même impose, au cœur du système économique et social considéré,
celle d’une force policière leur faisant front et d’une justice répressive et
punitive, assortie d’un outil carcéral pour protéger la société de leurs
grossières prédations néfastes.
Mais les plus habiles de ceux-là, devenus riches, savent aujourd’hui comme hier
et bientôt partout exploiter subtilement ce qui est tout juste légal sans être
légitime.
Ils constituent l’élite, la classe hyper-privilégiée de la société considérée.
Sauf faux pas, ceux-là n’ont à craindre nulle police, nulle justice, nulle
prison. On peut s’en étonner… N’essayant pas de gagner plus par leur travail
(s’ils l’ont déjà pratiqué…) ils sont intensément à l’affût de l’aubaine
dans les manières de faire enfler leurs richesses ; par la plus-value sur les
produits qu’ils vendent, mais aussi par le profit fait sur des salariés, par la
spéculation boursière et l’évasion fiscale.
Tout employeur potentiel ne recrute un salarié que s’il est assuré que la
quantité d’argent qu’il lui rapportera sera supérieure à celle qu’il va lui
coûter. Si cet absolu n’est pas concrétisé, il s’en séparera. Cette règle
élémentaire est souvent perdue de vue, surtout par ceux qui la subissent…
En économie capitaliste, les entreprises ont besoin de se procurer des capitaux
afin de se créer, fonctionner et se développer. Les bourses des valeurs
fonctionnent depuis la nuit des sociétés afin de leur rendre ces masses
monétaires accessibles sous forme d’actions et d’obligations. L’action témoigne
que le financier est propriétaire d’une fraction de l’entreprise ; tandis que
l’obligation rapporte un intérêt à celui qui a fourni de la trésorerie. Si
l’entreprise réussit à gagner beaucoup d’argent sur le marché par les biens ou
services qu’elle vend, la valeur en bourse de ses actions croît et ses
obligations rapportent.
Dès lors, ces titres peuvent échapper à l’entreprise et faire par elles-mêmes
l’objet d’un commerce spéculatif en bourse. Cette activité ne produit rien,
aucun bien, aucun service. Elle mobilise des ressources considérables en
intelligence et moyens divers au niveau mondial. Elle s’apparente davantage aux
jeux de casinos ; étant comme eux susceptibles de rapporter d’énormes profits
monétaires aussi bien que de pertes.
Désormais atteint d’hubris, la spéculation sur les fluctuations du marché au
niveau mondial ne s’arrête jamais, servie par d’énormes moyens informatiques
connectés et, de plus en plus, pilotée davantage par des systèmes experts que
par des « golden boys » ; qui supportent son rythme infernal avec l’aide de
drogues diverses… Ce qui est choquant dans ce jeu, c’est que le jeton de casino
avec lequel jouent à la légère les bourses et le numéraire avec lequel le pauvre
citoyen moyen achète sa nourriture élémentaire sont confondus, sont strictement
identiques ; c’est la même monnaie.
Ce n’est pas le tout de gagner de l’argent mal acquis mais légalement, encore
faut-il le faire échapper autant que faire se peut aux fiscalités des états. Ici
encore beaucoup d’astuce et d’intelligence sont dépensées tant par les états
pour colmater les fuites dans leurs systèmes que par les profiteurs et leurs
conseils pour en exploiter de nouvelles. Jusqu’à présent et globalement, ce sont
toujours les états qui perdent…
Bien sur l’avidité de ces néo-prédateurs se manifeste et s’alimente par la
création, le maintien et le développement de multiples entreprises, proposant
sur le marché d’aussi multiples biens et services au public. Ils contribuent
ainsi grandement à l’élévation du niveau de vie, des conditions du bonheur pour
les peuples et des rentrées fiscales pour les états. Mais il faut garder à
l’esprit que ce n’est fondé que sur leur appétence du gain et non sur le désir
altruiste de servir les autres. Il s’agit toujours d’une prédation sur autrui
même sublimée par son utilité relative pour la proie. Celle-ci, asservie mais
repue, accepte volontiers son sort, à condition de ne pas faire partie de ceux
qui sont véritablement broyés en bout de chaîne par la prédation… Il se crée
ainsi une sorte « d’équilibre dans la terreur », comme disent les militaires,
dont nous nous satisfaisons tous faute de mieux…
Il est à remarquer que les entités industrialo-commerciales que créent ainsi ces entrepreneurs héritent de la prédatrice malédiction intrinsèque à leurs auteurs. Il règne parmi elles la plus sauvage concurrence, autre nom de la prédation…
Limitant aux origines le champ de leur avidité à celui d’un système économique
local, les entrepreneurs-prédateurs ont toujours aspiré au cours de l’histoire à
l’élargir. Cette dynamique ancienne, instinctive et profonde peut aujourd’hui
éclairer le véritable motif de leur animosité persistante à l’égard de la Russie
et de ses satellites. Il leur est insupportable de voir cet immense territoire,
ses ressources naturelles considérables et l’ampleur du marché qu’il représente
échapper à leurs insatiables appétits. Pour se limiter au champ véritablement
ouvert, à partir du XVIIIème siècle des accords de libre-échange, destinés à
favoriser les échanges commerciaux, la circulation des biens des personnes et
des capitaux entre pays souverains, sont apparus dans le droit sous l’effet de
groupes de pression. Le couronnement de cette démarche est intervenu à partir de
1994 avec, à l’initiative plus ancienne du Conseil Economique et Social des
Nations Unies (et bien sûr de groupes de pression), la création de
l’Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C.). Désormais le champ d’action ouvert
à nos « bienfaiteurs » était le monde.
Aubaine suprême !
L’esclavage réinventé ! On allait pouvoir importer à vil prix des matières premières
lointaines, implanter des manufactures dans des pays tout aussi lointains à
salaires très bas, et réaliser ainsi des profits astronomiques. On se gardait
bien sûr en occident les activités de recherche et conception, le contrôle de la
finance internationale et la production de biens à forte teneur en travail
qualifié. On sait désormais quels dégâts a occasionné cet abattement de leurs
limites à l’intérieur des systèmes économiques et sociaux occidentaux. On sait
aussi, en ce début d’ère anthropocène, combien la multiplication des transports
lointains qui vont de pair avec les délocalisations sont nuisibles à l’équilibre
écologique de la planète…
Il est bien connu des économistes que le capitalisme (qui n’est pas un système
construit mais bien un phénomène physique spontané, comme une étoile, obéissant
à la loi de prédation naturelle) s’emballerait à l’extrême s’il n’était régulé,
aboutissant théoriquement à concentrer toute la richesse du monde entre les
mains d’une sorte d’empereur.
Ce terme approche de nos jours et depuis la mondialisation, le niveau stratosphérique atteint par
la richesse de 1% des individus de notre planète est tel que la nécessité de
décence finit par les atteindre eux-mêmes. Cherchant à ces occasions à améliorer
leur image publique, ils créent des « fondations » et distribuent des sommes
d’argent importantes pour de « bonnes œuvres » qui luttent contre la famine,
favorisent la santé et l’hygiène, la vaccination, le planning familial, etc.
Bien sûr ils conservent la réalité du pouvoir ; plus riches que bien des états
ils commencent désormais à remplacer ceux-ci, directement ou par lobbying.
Lorsqu’ils y restent soumis, ils exploitent le principe du « too big to fail »
« trop gros pour faire faillite » ; un « concept économique qui décrit la
situation d'une banque ou
toute autre institution financière dont la faillite aurait des
conséquences systémiques désastreuses sur l'économie et qui par conséquent se
retrouve renflouée par les pouvoirs publics dès
lors que ce risque de faillite est avéré » (Wikipédia). Ainsi c’est selon,
toujours gagnants, ils privatisent leurs profits et fiscalisent leurs déficits.
Le véritable pouvoir est maintenant entre les mains de leurs immenses trusts
pour lesquels le monde est un village. Lorsque vous inventez le smartphone et le
rendez industriellement accessible à quasiment tous les êtres humains sur terre,
que vous faites désormais communiquer avec facilité et immédiateté sur des
réseaux sociaux planétaires ; vous avez davantage modifié les sociétés en deux
décennies que tous les politiciens réunis en deux siècles.
Lorsqu’exploitant les découvertes et techniques biologiques et médicales - en
grande partie développées dans des laboratoires que vous financez - vous rendez
possible la gestation d’êtres humains pour autrui et l’ouvrez à une large partie
de la population ; vous avez modifié la morale, le droit et les structures
sociales davantage que tous les philosophes et intellectuels reconnus dans
l’histoire et de nos jours.
Personne ne fait plus vraiment la loi,
elle s’impose d’elle-même. Il est probable que cette évolution conduise à un
renoncement progressif d’états clochardisés qui, déjà de moins en moins
démocratiques, tombés entre les mains d’oligarques-experts, ne conserveront
qu’une apparence de légitimité.
L’avenir n’est par définition pas écrit, mais il est sombre. Vers quoi peut
avancer le train de l’humanité bloqué sur de tels rails ? Existe-t-il des
alternatives ? Peut-on espérer faire échapper définitivement toutes les
occurrences présentes et à venir d’être humain à leur qualité première de
mammifère, pour qu’elles ne se déterminent que par leur raison et des valeurs
altruistes apprises ?
L’histoire du communisme en URSS, qui tenta pendant soixante-dix années de faire
fonctionner une économie entièrement dirigée selon l’idéologie marxiste, s’est
soldée par un énorme effondrement au début de la décennie 1990. Sans activité
boursière l’Etat étant propriétaire de tout, reposant sur une planification
globale des besoins en ressources naturelles, de la production de biens et de
services, de leur distribution et en général de toutes activités, il ne parvint
jamais à maîtriser l’immense complexité du fonctionnement de sa société. Servi
par de trop nombreux agents publics, assurés de leurs emplois mais peu zélés
quand ils n’étaient pas corrompus en l’absence de perspectives d’enrichissement
personnel, le système s’étouffa sous une administration trop formaliste, pesante
et paralysante. Tous les efforts soutenus de propagande en faveur d’une morale
nationale ne purent contenir à long terme la multitude d’actes individuels
contraires à l’intérêt général, mais significatifs de la résurgence de l’état de
nature prédateur chez un nombre de plus en plus grand de personnes. Une vaste
économie libérale souterraine finit par exploser au grand jour et effondrer les
dernières apparences du collectivisme.
Un tel système destructeur de toute liberté individuelle aurait-il de nos jours
plus de chances de s’instituer et perdurer ? Certains,
au plus haut de l’élite mondiale,
rêvent ainsi à présent d’édifier une société totalitaire, sans monnaie
fiduciaire, s’appuyant sur un contrôle sophistiqué par des machines
informatiques, des systèmes experts et l’intelligence artificielle. Le
« meilleur des mondes » ne me tente pas et j’espère disparaître avant…
Mars
2024
Charles Clinkemaillié