Carenage

Regarde ce quai, mais vois la plage ensevelie
Qui soignait les voiliers en carène abattus,
Offerte à qui voulait depuis toujours gratis,
Sans ivresse elle buvait du coaltar nos surplus.

 Le goudron de Norvège dont nous aimions l’odeur
Nourrissait nos quilles longues et nos bordés ligneux.
De l’esprit d’anciens bois il était la vapeur,
Ses tombées reconnues du sable siliceux.


Pourquoi sont-ils venus des villes si nombreux ?
Sur notre plage dire : « Poussez-vous donc un peu ! »
« Désormais on partage ; vous étiez libres, pas nous ! »
« Et la loi nous ferons car nous sommes beaucoup ! »

 « Nos coques sont chimiques et nos peintures aussi »
« Mais pour la nature nous agissons mieux que vous. »
« Des quais, des grues, des gens. Pour tout ça faut des sous !... »
Regarde ce quai, mais vois la plage ensevelie…

Charles Clinkemaillié  Mai 2009